Le 10 mai 1802, Louis Delgrès, commandant de Basse-terre, fait placarder sur les murs de Guadeloupe une proclamation « à l’Univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir » contre les troupes de Napoléon venues rétablir l’esclavage. Le 10 mai 2001, le Parlement français reconnaissait à l’initiative de Christiane Taubira la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité. La France a été le premier Etat à le faire. Depuis 2006, c’est à cette date que la France a mis en place une Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.
Cette date est importante. Le poids de l’Histoire, chacun le sait, pèse sur les identités et sur la société. L’Histoire de l’esclavage et de notre passé colonial n’échappent pas à cette règle. La LICRA souhaite participer à ce travail de réconciliation des mémoires, notamment face à ceux qui veulent instrumentaliser la question de l’esclavage à d’autres fins que la lutte contre le racisme.
La Licra a décidé de s’impliquer sur ces questions pour donner à cette mémoire un maximum de visibilité et l’arracher ainsi à deux risques qui sont le silence et l’exotisme.
Pour cela plusieurs types d’action sont envisagés :
Tout d’abord, les sections de la LICRA sont invitées à participer et à donner du sens sens aux multiples cérémonies de commémoration qui auront lieu en France le 10 mai, notamment à Bordeaux ou à Nantes, contribuant ainsi à ce que cette mémoire représente un élément à part entière de notre Histoire.
La LICRA s’engage également pour la constitution d’un musée de l’esclavage. Un comité d’études va être constitué. Il travaillera en relation avec des spécialistes de la question de la traite, avec la Cité de l’immigration ainsi qu’avec d’autres associations impliquées sur ces questions, notamment le CRAN.
Enfin la Licra contribuera à la réflexion générale sur l’esclavage, à l’organisation de journées d’étude et de colloques, aidera à des publications d’articles et de livres, voire aidera à la consécration de lieux de mémoire, afin de favoriser la promotion de la mémoire de la traite.
Le 27 avril 1948, en Sorbonne, Gaston Monnerville, petit-fils d’esclaves, rappelait à l’occasion du centenaire de l’abolition de l’esclavage que « contre la volonté, il n’est point de fatalité. Tout est possible à celui qui refuse la servitude. C’est la leçon exaltante qui se dégage de l’exemple même d’un homme comme Victor Schoelcher. C’est celle dont nous, hommes de couleur, venant de tous les horizons d’Outre-Mer, voulons nous inspirer sans cesse, car elle nous montre qu’une volonté tenace, mise au service de la raison et d’un haut idéal, est susceptible de changer la face du monde. » C’est à cet idéal de volonté inébranlable que, le 10 mai, nous rendrons aussi hommage.