Pendant le concert du groupe Graveland organisé par le Ragnard Rock Festival, de nombreux saluts nazis ont été observés ainsi que des tee-shirts à la gloire de l’armée du Troisième Reich (comme l’atteste l’article du Progrès du 25 juillet 2016 http://www.leprogres.fr/faits-divers/2016/07/25/des-saluts-nazis-observes-au-ragnard-rock-fest).
Cette situation confirme les craintes ayant conduit Agir pour l’Egalité- SOS Racisme Rhône et la LICRA à demander au Préfet de l’Ain puis au Ministre de l’Intérieur l’interdiction de ce festival. En vain. La décision de maintenir cet événement est aujourd’hui lourde de conséquences.
Faute d’avoir su prévenir ces comportements contraires à nos lois et aux valeurs de la République, l’Etat doit enfin prendre ses responsabilités pour que de tels agissements ne se reproduisent à l’avenir dans notre pays.
Le Préfet de l’Ain s’était engagé à faire « procéder aux relevés d’infractions de tous actes à caractère raciste et antisémite qui seraient constatés et de les transmettre au parquet. ». Nous souhaitons donc savoir si cet engagement a été tenu et connaître la liste des infractions constatées par les forces de l’ordre lors du Ragnard Rock Festival. De notre côté, nous signalons immédiatement au Procureur de la République de Bourg-en-Bresse les faits révélés par le Progrès ce matin.
Par ailleurs, la Compagnie d’Edoras, organisatrice de l’événement, s’était notamment engagée « à expulser toute personne, y compris artiste, qui aurait un comportement inapproprié pendant le festival, et à signaler son identité à la gendarmerie le cas échéant » et « et à ce qu’aucune ne véhicule d’idée de haine raciale et à tendance politique, de même s’agissant des visuels et des décors. ». En toute hypothèse, l’organisation du Festival a failli et l’expression de la haine raciale et des symboles du nazisme a pu prospérer. Dès lors, sur la base de l’article 212-1 du Code de la Sécurité Intérieure, la question de la dissolution de la Compagnie d’Edoras est clairement posée.
La venue de néonazis au Ragnard Rock Festival était prévisible et l’Etat ne l’ignorait pas. En autorisant malgré tout la manifestation, qui plus est en période d’état d’urgence, l’Etat a commis une faute. Il importe aujourd’hui de tirer les leçons de ce qui s’est passé ce week-end dans l’Ain en appliquant désormais à l’égard de l’incitation à la haine raciale un principe simple : la tolérance zéro.